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Le Cinéma de Kleinhase

LE DICTATEUR de CHARLES CHAPLIN (1940)

30 Juin 2006 , Rédigé par kleinhase Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 1940

1918, sur le front de la Première Guerre mondiale. Un barbier Juif, enrôlé dans l'armée de Tomainia, sert un énorme canon, qu'il a bien du mal à domestiquer. Après quelques autres mésaventures et après avoir sauvé la vie de Schultz, un aviateur allemand, il termine la guerre blessé et amnésique. Les années passent et voient l'arrivée à la tête du pays du dictateur Hynkel, qui promet à son peuple une prochaine revanche et entreprend de tyranniser les Juifs. Pendant ce temps, le barbier, enfermé de longues années dans un hôpital psychiatrique, s'enfuit et regagne sa boutique, dans le ghetto juif. Il ignore tout des événements politiques actuels...

Chronique et avis :

Faire un film comique tournant Hitler en ridicule, juste au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate, il fallait avoir le courage de le faire. Après avoir abordé le problème des enfants abandonnés dans "Le Kid" (1921) et le problème du chômage dans "Les Temps Modernes" (1935), Charles Chaplin s'attaque cette fois-ci au nazisme avec "Le Dictateur" (1940). À l'heure où la Seconde Guerre mondiale éclata, Chaplin eut donc le courage et l'audace de se moquer d'Hitler avec talent et subtilité, tout en lançant un bouleversant appel à la conscience du monde. Entrepris dans le plus grand secret dès 1938, le scénario du "Dictateur" provoqua tout de suite les protestations de l'ambassadeur allemand aux États-Unis et d'organisations américaines pro-nazies. Il fallut attendre l'entrée en guerre des Américains pour que cessent les polémiques et que le film soit reconnu pour ce qu'il est : un vibrant plaidoyer humaniste. "Le Dictateur" marque un point important dans la carrière de Chaplin, puisqu'il s'agit ici de son premier film entièrement parlant, même si certaines scènes sont encore muettes.

Chaplin a mis toute son énergie de metteur en scène dans ce film et avec un génie inégalable, il a réussi à se moquer d'Hitler avec intelligence et élégance, tout en montrant aussi les cruautés qu'ont pu faire les nazis. Ce film est bourré de séquences d'anthologie : la scène où Hynkel prend le globe symbolise le pouvoir d'Hitler, qui régnera comme un empereur jusqu'en 1945 ; et le globe lui éclatant à la figure symbolise la chute d'Hitler lorsque la guerre prendra fin en 1945. Cette seule séquence suffit pour prouver que Chaplin est un cinéaste génial et visionnaire : lorsqu'il réalisa ce film, il avait déjà compris ce qui allait se passer quand Hitler prit le pouvoir et on se rend donc compte que son œuvre était visionnaire. Voilà pourquoi Chaplin reste un cinéaste à part entière : il était visionnaire et il avait vite compris ce qui allait se passer, contrairement à nous. La scène du rasage en musique montre à quel point Chaplin maîtrisait le cinéma muet.

Le discours final déclamé par Chaplin reste l'un des plus beaux monologues du 7ème Art. À travers ce long discours, Chaplin veut nous faire comprendre son message : la guerre est sans aucun doute la pire chose que l'Homme ait pu inventer, mais ce que Chaplin veut nous faire comprendre, c'est que tous les hommes sont égaux et que notre Terre est bien assez grande pour accueillir tous les êtres humains. À travers ce discours, Chaplin nous démontre que l'amour est plus fort que tout et que la guerre est une bêtise qui ne résout pas les problèmes, mais au contraire, la guerre ne fait qu'aggraver les problèmes. Chaplin nous livre ici un message d'une extraordinaire puissance émotionnelle, un très beau message d'amour et d'espérance...

Les acteurs sont tous remarquables : Charles Chaplin, parfait comme d'habitude, est magistral dans son double rôle ; tandis que Paulette Goddard est lumineuse et apporte une touche de douceur. Les gags sont irrésistibles et la musique est somptueuse. À la fois drôle et émouvant, "Le Dictateur" reste un impérissable chef-d'œuvre de Charles Chaplin, un monument incontournable du 7ème Art, qui, 67 ans après sa réalisation, n'a absolument rien perdu de sa force et de sa puissance émotionnelle. Une œuvre indispensable d'une valeur inestimable, à transmettre de génération en génération.  

Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !

Schultz (Reginald Gardiner) : << Vous devez prendre la parole. >>

Le barbier Juif (Charles Chaplin) : << Mais je ne peux pas... >>

Schultz : << Il le faut, c'est notre seul espoir... >>

Le barbier Juif : << Espoir... Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible ; Juifs, Chrétiens, Païens, Blancs et Noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place et notre Terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l'avons oublié.

L'envie a empoisonné l'esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l'abondance nous laissent dans l'insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d'intelligence, nous ne ressentons pas assez et nous pensons beaucoup trop. Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d'humanité.

Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n'est plus que violence et tout est perdu.

Les avions, la radio nous ont rapproché les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l'être humain, que dans la fraternité, l'amitié et l'unité de tous les hommes.

En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions d'hommes, de femmes, d'enfants désespérés, victimes d'un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.

Je dis à tous ceux qui m'entendent : ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n'est que le produit éphémère de l'habilité, de l'amertume de ceux qui ont peur des progrès qu'accomplit l'Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront et le pouvoir qu'ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves, enrégimente toute votre vie et qui vous dit tout ce qu'il faut faire et ce qu'il faut penser, qui vous dirige, vous manœuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du bétail. 

Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes machines avec une machine à la place de la tête et une machine dans le cœur. Vous n'êtes pas des machines. Vous n'êtes pas des esclaves. Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l'amour du monde dans le cœur. Vous n'avez pas de haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n'est pas fait d'amour. Soldats, ne vous battez pas pour l'esclavage, mais pour la liberté.

Il est écrit dans l'Évangile selon Saint Luc "Le Royaume de Dieu est dans l'être humain", pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains, mais en vous, en vous le peuple qui avez le pouvoir, le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple, vous avez le pouvoir, le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure.

Alors, au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un monde nouveau, qui donnera à chacun l'occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse, et à la vieillesse, la sécurité.

Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir : ils mentaient. Ils n'ont pas tenu leurs merveilleuses promesses, jamais ils ne le feront. Les dictateurs s'affranchissent en prenant le pouvoir mais ils font un esclave du peuple.

Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les barrières et les frontières raciales, pour en finir avec l'avidité, avec la haine et l'intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès amèneront tous les hommes vers le bonheur. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !...........

Hannah, est-ce que tu m'entends ? Où que tu sois, lève les yeux ! Lève les yeux, Hannah ! Les nuages se dissipent ! Le soleil perce ! Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière ! Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité. Lève les yeux, Hannah ! L'âme de l'homme a reçu des ailes et enfin, elle commence à voler. Elle vole vers l'arc-en-ciel, vers la lumière de l'espoir. Lève les yeux, Hannah ! Lève les yeux !... >>

Le Dictateur (1940) - ma note pour ce film :

 

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V
Charlot qui savait faire rire de la misère était aussi un grand visionnaire. Dommage que l'Amérique enfermée dans ses idées étroites n'a rien compris dans cette période là...Ce film est un chef d'oeuvre....
D
Enorme , moi j ai une preference pour les scènes entre Hynkel et Napaloni et le discours final que tu as d ailleurs mis.